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  Les hautes termitières

  Les hautes termitières constituent un élément important du paysage des environs de Lubumbashi, auquel elles donnent un cachet particulier.

Ces véritables tumuli, érigés par Macrotermes falciger (anciennement Macrotermes goliath), sont clairsemés dans tout le Haut-Katanga. Les hautes termitières sont fréquentés en forêt claire, végétation qui couvre 85% du territoire des environs de Lubumbashi. Elles font parfois défaut dans le fond des vallées et les savanes périodiquement inondées et exondées, encore appelées "dembo". Lorsqu'elles y existent, elles sont généralement désertées par les termites bâtisseurs. Ainsi comme nouvel apport de matériaux ne vient compenser les pertes par érosion, ces hautes termitières finissent par s'étaler complètement. Cependant les anciens emplacements des monticules se reconnaissent encore sur les photographies aériennes sous formes de taches blanchâtres auréolées d'arbustes. La zone d'épandage de produits, visible sur photographie aérienne, peut avoir 50 mètres de diamètre. Sur le terrain, la présence de zones à hautes graminées exubérantes témoigne souvent du passé "termitique" de ces milieux submarécageux.

Sous forêt claire peu influencée par l'action anthropique, ou récemment secondarisée ainsi que dans les forêts denses sèches, les hautes termitières sont élevées. Elles atteignent facilement 8 à 10 mètres de haut, sur 14-15 mètres, voire 20 mètres, de diamètre à la base et recouvrent ainsi en moyenne 6% de la surface. La forme générale est celle d'un dôme surbaissé qui surmonte parfois un bourgeon apical de grande taille. Au cours de son évolution et ce, grâce à l'action érosive de la pluie, la haute termitière passe par une série de stades successifs qui la conduiront à la forme en dôme qu'on lui connaît. A l'origine, la termitière est représentée par un bourgeon primaire entièrement édifié par les ouvriers termites et posé à même le sol. A ce stade prédominent l'érosion par le splash et les micro-éboulements qui donnent naissance à un petit glacis au pied du cône primitif. Le glacis est rapidement colonisé par la végétation herbacée qui offre un obstacle à l'entraînement lointain des matériaux qui seront ultérieurement arrachés au bourgeon. La base s'élargit, tandis que de la terre s'accumule tout autour. Dès que le monticule a atteint un volume et une hauteur suffisants, interviennent le ruissellement diffus et surtout les glissements sur les flancs. Ce dernier processus est en particulier favorisé par le système racinaire des végétaux qui recouvrent désormais le dôme.

Au stade actuel, les termitières qui sont établies dans la forêt denses sèches maintiennent partiellement une certaine activité primaire. Dans les forêts claires, les termitières en activité sont rares, ou elle est alors assurée par des colonies secondaires qui érigent des cheminées au sommet ou sur les flancs des buttes.

Après le passage du feu de brousse annuel ou dans les forêts claires fortement dégradées, les hautes termitières sont reconnaissables sur photographies aériennes soit à leur forme, soit à la présence de bouquets d'arbustes juchés à leur sommet et qui donnent au paysage l'aspect d'une forêt en mosaïque. Les hautes termitières peuvent ainsi être facilement dénombrées et une densité proche de la réalité calculée. Cette densité varie entre 2,7 et 4,9 unités à l'hectare suivant la nature du sol. Le volume apparent peut atteindre plusieurs centaines de mètres cubes, voire un millier. C'est sur les sols les plus argileux que la densité et le volume sont les plus grands.

La teneur en argile des sols des hautes termitières varie avec le type de substrat qui a servi de source de matières premières. Dans les termitières bien développées, cette teneur est de 10 à 20% plus élevée que celle des horizons des sols environnants. Le pH des sols du coeur de la termitière voisine souvent la neutralité et dépasse de 1,5 à 2 unités celui des sols situés entre les tumuli. De même, la teneur en bases échangeables est plus élevée ; Mg et Ca peuvent respectivement atteindre des teneurs 2 à 5, voire 10 fois plus élevées que celles des sols environnants. Le calcium en particulier y atteint parfois des concentrations telles qu'il forme de véritables nodules.

Cette richesse en bases de la haute termitière a été depuis longtemps mise à profit par l'agriculteur autochtone qui y pratique, après une simple scarification de la surface du mamelon, ses cultures habituelles : le haricot, la courge et surtout le maïs. L'arasement des hautes termitières est en effet un travail ardu que seule l'agriculture mécanisée rend nécessaire et peut se permettre; mais dans ce cas, la termitière perd rapidement sa fertilité. a raison de 5 termitières bien développées par hectare, l'étalement de leur terre équivaudrait à une couche de sol d'environ 30 centimètres .

Un second usage des hautes termitières consiste dans l'utilisation de la terre pour la production artisanale de briques. Une termitière de dimensions standard peut fournir entre 200.000 et 300.000 briques de 5 x 8 x 20 cm. Aussi, lors de nouveaux lotissements, la présence d'une termitière dans une parcelle est-elle souhaitée. Dans les jardins, elles peuvent constituer un élément décoratif et permettent un étagements des plantes ornementales, qui n'est pas sans rappeler les jardins des rocailles des régions tempérées.

Vue aérienne des environs de Lubumbashi. Chaque tache claire
qui apparaît en relief, représente une haute termitière.
(échelle 1/10.000, photographie I.G.Z.)
ses

lubumbashi@free.fr

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